Mohand Tazerout, le philosophe méconnu

Mohand Tazerout, le philosophe méconnu

Mohand Tazerout, le philosophe méconnu.
Par abdelouhab Bouyahmed.
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Mohand Tazerout, le philosophe méconnu, est né le 13 mai 1893 au village Tazerout, commune d’Aghrib, jeune issu d’une famille maraboutique, qui a appris dès le jeune âge le Coran et la langue arabe, par l’entremise de son père. Au même moment, il faisait ses études avec un couple d’instituteurs français, Adrien et Antoinette Janin, dont « il nous parlait souvent (Jacques Fournier) et avec qu’il est resté toujours lié. L’un de ses livres sera dédicacé à leur fils, Henri». Des études primaires qui vont l’amener à réussir le test de brevet élémentaire en juin 1912, avec quoi il intègre l’école normale de Bouzaréah, d’où il sort comme instituteur en mai 1913 et nommé à Thénia.
Le passage à Thénia, ne durera pas longtemps, rapidement il se rebelle contre la direction de l’école et plie bagage pour partir en Égypte, pour suivre des cours à El Azahar, un séjour interrompu par le départ vers l’Iran en 1913, où il a appris la langue perse, puis il part en Russie, un périple qui a duré dix-huit mois, où il apprend le russe, en 1914 il continue son pèlerinage intellectuel qui la mené en Chine, il a appris le mandarin, un séjour qui a inspiré l’écriture : Aux congrès de civilisés.
Homme de voyage qui n’a pas cessé de voyager, en 1916 il entame un voyage en Europe, où il visite l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, puis il se rend en Afrique, pour visiter le Maroc, la Tunisie et le Mali. En 1917, il était mobilisé avec de nombreux Algériens comme tirailleurs, blessé en Belgique à la bataille de Charleroi et fut capturé par les Allemands.
Au lendemain de la Première Guerre, il s’inscrit à l’université de Strasbourg puis à celle de Poitiers, où il a préparé une licence de langue allemande, il s’est marié avec une institutrice vendéenne Angèle Foucher (décédée suite à une leucémie en 1949) à La Roche-sur-Yon le 3 octobre 1917, avec qu’il a eu deux filles et un garçon (Germaine Élisabeth, Henri et Jacqueline Tazerout), Jacqueline qui s’est mariée avec Jacques Fournier, l’ancien secrétaire général adjoint de la présidence française sous Mitterrand, qui a dirigé le livre Mohand Tazerout, La vie et l’oeuvre d’un intellectuel algérien.
À partir de 1936, le couple est affecté vers la région parisienne, où il enseigne d’abord au lycée Chaptal à Paris puis dans l’annexe du lycée Charlemagne situé au Raincy, juste à côté de Villemomble, ville où ils ont acheté une maison.
La mort de sa première femme en 1949 ouvrait un nouveau chapitre dans la vie de philosophe, celui de retour aux origines, de l’engagement contre la présence coloniale, un retour au bercail en 1953 qui a mené l’auteur, à visiter Laghouat, Biskra, Tunis pour finir à prendre sa retraite à Tanger où il est mort en 1973.
Jean Déjeux disait de Mohand Tazerout « les ouvrages de Tazerout, sans doute méritoires, tiennent cependant beaucoup de discours d’idées : réflexions d’ordre philosophique sur les civilisations et les cultures, les religions et les idéologies. Il avait beaucoup voyagé et pouvait se permettre de tenter des comparaisons… ».
Mohand Tazerout a eu un itinéraire à part, un philosophe, un polémiste, germaniste en occident, méconnu chez lui en Algérie.
BIBLIOGRAPHIE:
– Le déclin de l’Occident : Esquisse d’une morphologie de l’histoire universelle, d’Oswald Spengler et Mohand Tazerout, Gallimard, 1931. Une traduction de cinq volumes de 300 pages pour chacun, un travail pharaonique qui reste unique dans ce genre, c’est la seule traduction en français depuis 1931.
-Sociologie relationnelle, par Leopold Von Wies, 1932.
-Traduction du livre de Brockelmann, « Histoire des peuples et des États islamiques : depuis les origines jusqu’à nos jours », Paris , Payot , 1949.
-Théorie économique d’Henry Grossmann, dans la Revue internationale de sociologie, 1930, mai-Juin
-Quelques conditions méconnues d’un rapprochement franco-allemand. Girard, 11P, 1931.
-L’état de demain : Théories et réalisation d’une démocratie parlementaire en France, PUF, 1936, 192 P, Essai
– Karl Dunkmann l’Institut de sociologie appliquée, 1936
– La Pensée politique de Moeller Van den Bruck, 1936.
-L’Œuvre de Dilthey (contribution à l’histoire de la sociologie en Allemagne), 1938.
-Petit guide de conversation franco-allemand Hachette, 1941, 32P
L’éducation idéaliste, 1943.
-Les éducateurs sociaux de l’Allemagne moderne, 3 volumes, essai entre 43-46
Critique de l’éducation allemande, de Kant à Hitler, 1946.
-Au congrès des civilisés, 5 volumes entre 1955-1960, Essai.
1. La métaphysique intellectuelle d’Extrême-Orient, 1955
2. La foi religieuse du Proche-Orient, 1956
3. La philosophie amoureuse de l’antiquité, 1958
4. Le capitalisme mondial du 14 siècles à nos jours, 1958.
5. Le communisme soviétique et la sociologie de la coexistence pacifique, 1959.
-Essai génétique sur la race, les peuples, les nations, la démocratie, 1959
– Les problèmes de coexistence pacifique. Le mal et la foi en guérison possible, 1960, 158 p.
-L’Algérie de demain, 1960, 158 p
-Histoire politique de l’Afrique du Nord, 1961, 173p
-Manifeste contre le racisme, 1963, 230p
-Afrique contemporaine, 1971.
Par abdelouhab Bouyahmed.