Les médecins de Sidi Bel Abbes ne savent pas que le COVID 19 touche aussi les musulmans, la police les met au… Coran

Dr Madjid Yesli
Montréal le samedi 25 07 2020
 
COVID-19: Police et immunité spirituelle!
 
La police nationale algérienne trouve le temps d’innover et surtout d’opérationaliser son amour du prochain par une démarche marketing à l’endroit de la population via l’instrumentalisation de quelques soignants dans une cour d’un hôpital.
Le support moral et psychologique aux personnels est certes louable mais il faut que cette action respecte elle-même les règles d’éthique de base.
Les perceptions ont la peau dure. Le donneur et les receveurs du livre saint auraient mieux fait de préserver la neutralité des deux institutions qu’ils représentent, plutôt que de s’adonner à ce genre de spectacle qui sort du cadre de la mission policière et soignante.
 
La police développe de plus en plus une offre publique de soins spirituels. La rachadisation de la police n’est pas loin, celle des professionnels de la santé est également à craindre si ce genre de démarche venait à se généraliser.
Ne serait-il pas plus productif et même plus sain que chacun s’occupe de sa mission propre. La véritable spiritualité est là. Cela consiste à faire son travail et rien que cela. Pour que la pratique médicale soit digne de respect, objective, à jour et actualisée, elle doit respecter et promouvoir sa propre autonomie. Il ne faut pas ignorer par ailleurs que les croyances et les pratiques religieuses ont des incidences réelles sur les représentations de la santé. Il faut en tenir compte dans la pratique médicale mais il faut garder une distance critique pour rester utile et efficace.
 
La carte mentale nationale de nos populations est formatée depuis l’indépendance par une école de gavage scolaire de laquelle sont bannies l’apprentissage à penser et à réfléchir par soi-même. Et l’ignorance qui s’en est suivie veut devenir totalitaire.
 
Les forces de sécurité (police, gendarmerie et autres) travaillent et surfent sur ce – capital siprituel-. Celui-ci est renforcé et entretenu par la distribution du livre sacré y compris dans les milieux de soins.
Pour ne pas être englouti par le charlatanisme ambiant, le système de santé national aura intérêt à revoir son paradigme actuel. Il est soumis à des influences multiples qu’il ne peut ignorer. Mais pour être capable d’offrir des soins de qualité selon les standards internationaux, une remise en question est plus que nécessaire.
 
Il ne faut pas perdre de vue que lorsque l’offre médicale s’épuise, le charlatanisme prend toute la place.
 
Si on ne veut pas que des abus spirituels et religieux aient lieu dans nos hôpitaux, on gagnerait à être beaucoup plus prudent. Le respect de l’autonomie des patients est l’un des premiers principes de l’éthique médicale.
 
Que la COVID-19 nous aide à méditer. Invoquer les saints c’est bien, mais il n’est pas toujours sain d’instrumentaliser la sainteté. Le rapport au livre saint sera ainsi plus sain s’il est laissé à la conscience de chacun.
 
Par Dr. Madjid Yesli
 
 
Le titre est pris d’un message sur la page facebook de M. Rachid Oulbsir