Malek Mci

Une très belle image de la Kabylie – Une chanson éternelle

Une image magnifique de nos villages, de notre Kabylie

Une chanson qui dessine avec des mots simples l’ancienne maison kabyle. Interprétée par des femmes engagées, des mères qui portent la langue, la culture et tout ce qui est kabyle dans leur cœur. Nna Louiza nessaram-as tazmert n tzemmurt! Tanemmirt i tarba3t  »Tilelli »!

ÉCOUTEZ!

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Tiɣerɣart d tasga  /// Sale de vie

Malek Mci: «L’architecture populaire algérienne. La maison kabyle
Tant d’appellations pour désigner et évoquer la douceur protectrice du foyer qui un instant, semble être sans équivoque, le centre du monde autour duquel gravitent même les plus lointaines lumières de la mémoire. Les sédiments séculaires de cette mémoire articulent le génie de l’homme qui l’amènent à gérer son espace de vie en produisant un art de vivre propre à ses moyens de subsistance. Il est alors aisé de croire que seuls les moyens de production des ressources déterminent l’agencement ergonomique des espaces, mais c’est sans compter sur ces liens complexes qui font qu’à l’intérieur d’une famille un ensemble harmonieux se construit.
Prendre le repas chaud autour du feu est on ne peut plus convivial quand il s’agit de réunir les membres de la fratrie pour échanger et renforcer les liens qui les animent aux habitudes de partage premier palier de valeurs qui fait de l’homme un être hautement soucieux du bien-être de l’autre autant que du sien.

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On faisait tout à l’intérieur de la maison. Chacun avait son travail et en même temps en faisait son rôle qu’on actait selon les besoins de l’un pour l’autre. A l’image d’une ruche qui s’occupe de son couvain et par la même de son roi. La belle ouvrière s’active à butiner tandis que l’autre, son plus fervent gardien lui taillait le chemin. La grand-mère contait et le grand-père racontait. Ils narraient des histoires où la légende se confondait avec la force de l’incroyable vécu qui alimente l’esprit de ces jeunes pages aux bras encore tout blancs.

Tisser la toile, s’occuper des enfants, battre le beurre, traire la brebis, soigner les bêtes, nettoyer le fusil, préparer le dîner, autant de tâches qui font que même le chat s’accommode des retrouvailles du soir pour disputer l’affection d’une caresse maternelle.
C’est dans cette scénographie perpétuelle que se mesure la dimension des pièces à vivre : l’étable pour les bestiaux qui communique par des fenêtres au niveau supérieur où se trouve l’âtre pour cuire le pain ou alors plein de fruits que les hommes daignent bien leur en jeter de temps en temps. Un palier plus haut se trouve la litière où le repos est une invitation toute proche pour dormir avec les plus belles mélodies des berceuses féminines.
Plus haut encore se trouve la sous-pente mésanine, vaste plancher de frêne au dessus de l’étable qui sert souvent d’isoloir pour étudier ou tout simplement prier. C’est l’endroit de tous les mystères où se trouvent les biens les plus précieux comme la robe et les parures d’argent de la mariée mais aussi tous les livres et grimoires des aïeux qu’on se plait de temps à autre à feuilleter en silence.

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Tous ces espaces sont en fait disposés sans cloisons mais en des niveaux qui ne se bousculent aucunement et laissent place à chaque fois à un endroit de prédilection pour chaque tâche. C’est ainsi que le tissage est à côté de la jarre d’huile, au coin du feu est disposé le « trône » du patriarche.
Le point d’eau est juste à côté de l’entrée, on y fait les ablutions et on s’abreuve goulument des gargoulettes en terre cuite dès qu’on rentre après une dure journée de labeur.

Les besoins provoquent l’utile, l’utile détermine la fonction qui, elle-même, régule la mesure et la mesure invite à l’harmonie. Tout un art, bien qu’il ne soit pas encore académisé et qui ne tardera pas à l’être si on lui donnait, non pas l’aptitude à le singer car il est absurde aujourd’hui de prétendre imiter ce mode de vie, cependant on peut facilement comprendre les mécanismes d’une cellule familiale contemporaine et de l’adapter aux besoins de notre époque. Ainsi donc, chaque maison pourrait devenir un espace à modeler selon les besoins de chacun même s’il faudrait aller pas à pas vers un mode de vie ou la nature, minérale, végétale et même animale serait introduite par la grande porte vers un rapprochement de plus en plus affirmé.
L’évolution frénétique de l’urbanisation actuelle nous a éloigné de cette façon de créer ses espaces. Nous n’avons d’alternative que de subir un habitat qui par son uniformisation conditionne notre façon d’être alors que le choix inverse peut s’opérer.

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On peut oser toute sorte de suggestion pour répondre à cette tragédie, mais avons-nous, en toute humilité, la capacité et l’autonomie suffisante pour le faire si ce n’est d’abord par réapprendre à vivre son environnement et se réadapter pour mieux l’assimiler. Il nous faut alors plus de concertation et d’information de spécialistes à ce sujet qu’il faut faire parvenir à chaque fois et c’est une invitation qui est lancée pour en provoquer la réflexion.

Malek
Peintre Sculpteur, (Yen Ayer 2967, 2017)
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