Kabylie: l’arabisation et la salafisation de nos enfants à l’école

On appelle ça l’arabisation réussie, par Karim Achab, Professeur de linguistique

Il est inconcevable qu’en Kabylie, les enfants kabyles ne commencent à étudier leur langue maternelle qu’à partir de la 4ème année, à raison de 3 heures par semaine; tandis qu’ils se font endoctriner et arabiser, et leurs parents entuber, escroquer, par l’entremise de la langue arabe et toute l’idéologie que celle-ci véhicule, pendant toute la période scolaire, soit de la 1ère anné à ad aeternam!
 
Ce n’est qu’en 4ème année que leur langue maternelle leur est introduite à l’école, et ce seulement à raison de trois heures par semaine! Pendant ce temps, la langue arabe continue sa lancée à raison de 8 heures par jour! Faites votre calcul!
 
Que signifie cette volonté politique d’entraver le développement de la langue kabyle dans la tête de l’enfant et de donner à la langue arabe quatre années d’avance sur une langue kabyle qui a crucialement besoin d’un coup de pouce. C’est le contraire qui devrait se produire!
 
En plus de ce retard, d’office, imposé à la langue kabyle, cette ségrégation dévalorise bêtement la langue kabyle dans la tête de l’enfant. Comment osons-nous accepter cela en 2021?
 
Il est normal que dans ce cas, la langue arabe prenne le dessus dans leur vie quotidienne, dans leur esprit, dans leur perception même des rôles des langues; tandis que le kabyle recule même à la maison, surtout avec l’invasion des foyers par les chaines de télévision arabophones, conçues spécialement pour arabiser la famille kabyle en entier.
 
Les quatre premières années sont cruciales pour l’apprentissage linguistique car les spécialistes situent le seuil de faculté de cet apprentissage à l’âge de 7 ans, et le seuil fatidique à l’âge de 11 ans. En 4ème année, l’enfant atteint l’âge de 10 ou 11 ans. À cet âge-là, la langue arabe, en tant que langue de communication formelle, est plus enracinée dans leur système cognitif que sa propre langue maternelle. Il apprend le vocabulaire arabe savant, l’équivalent kabyle duquel lui est encore inaccessible, car il est seulement véhiculé par l’écrit (les néologismes, les termes savants, les concepts abstraits, etc.).
 
Et quand ces enfants arrivent à l’université et sur les réseaux sociaux, ils se mettent à écrire en arabe car, diront-ils, c’est la langue qu’ils maîtrisent le mieux! On appelle cela « l’arabisation réussie ».
 
Le parallèle avec la langue française dans ce cas-ci est inappropriée car en Kabylie c’est par la langue arabe qu’on veut remplacer la langue kabyle et non pas par la langue française. La langue française reste une barrière à l’arabisation et cela, les arabo-islamistes l’ont vite et si bien compris qu’ils essaient de la combattre de toute leur force et ils réussissent même à intimider ceux qui s’expriment dans cette langue en les rappelant illico à l’ordre « b-l3arbiya, b-l3arbiya », à tel point que la plupart, et je parle des kabyles, se mettent à baragouiner en arabe même s’ils veulent s’exprimer en français, juste parce qu’on a réussi à les intimider.
 
Qu’attendent les kabyles qui s’en prennent au MAK pour s’en prendre avec la même virulence et la même agressivité à cette politique d’arabisation et de salafisation de leurs enfants?
 
Par Karim Achab, Professeur de linguistique