Le problème du manque de l’eau potable s’est accentué en cette fin de l’été en Kabylie et plus particulièrement dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Les ressources naturelles sur lesquelles les citoyens se sont rabattus pour faire face à la pénurie deviennent sèches l’une après l’autre
Sans conteste, la Kabylie a vécu cette année 2021, une saison estivale infernale. En plus du covid-19 et les feux de forêts qui ont endeuillé la région en emportant plusieurs personnes, la wilaya de Tizi-Ouzou et peut-être à un degré moindre la wilaya de Bejaïa ont fait face à une drastique pénurie d’eau.
Cela a pratiquement duré depuis le début de l’été. Dans certaines communes, pour ne pas dire la plupart, l’eau ne coule des robinets qu’une fois par semaine voire par une quinzaine de jours. Les foyers les mieux servis, ont ce précieux liquide tous les deux ou trois jours.
Une situation prévisible
Il faut dire que cette situation était prévisible après un hiver qui a été le moins rigoureux de ces dernières années. La saison hivernale a été avare en pluie et surtout en neige. Conséquences : le barrage de Taksebt, principal réservoir d’eau qui alimente en la matière les différents villages de la wilaya s’est retrouvé pratiquement à sec dès le début de l’été. Son volume a baissé considérablement, en effet. C’est le cas d’ailleurs des différents points d’eau appelés à la rescousse en cas de crise.
Les autorités ont-elles pris des décisions pour limiter les dégâts? Si c’est le cas, pour ainsi dire, mais en vain. Cette pénurie annoncée a fini par s’installer et durablement dans cette région qui a en outre, faut-il le signaler vécu une des saisons les plus caniculaires de ces quelques dernières années.
Les autorités montrées du doigt
Fallait-il prendre ses dispositions bien avant? Au lieu de réagir, ces autorités devaient plutôt agir pour remédier à la situation. Il faut savoir, en effet, que des centaines voire des milliers de mètres cubes de cette dorée partent dans la nature chaque année. Les fuites d’eau, dont certaines datent de plusieurs mois, font partie du décor en Kabylie. Pour plus d’un parmi les villageois, ces autorités n’ont pas fait grand-chose pour préserver cette eau.
Des alertes et des solutions ont été suggérées, malheureusement la bureaucratie est toujours un blocage, autrement Dr Malek Abdeslam, hydro-géologue et directeur des Eaux du Laboratoire de l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, ainsi toutes les personnes qui travaillent avec lui ont fait des pieds et des mains pour agir tôt afin de récupérer un certain pourcentage des eaux du Sébaou pour aider le barrage de Taksebt à se remplir. Avec insistance, une réalisation a été faite, mais bien en retard et devraient être complémentée par d’autres plus puissants.
Les citoyens payent ainsi la conséquence de cette situation. Ces derniers qui ne pouvaient compter que sur eux-mêmes pour apaiser leur soif, se sont débrouillés comme ils peuvent. Ils ont ainsi, pour la plupart, opter pour les ressources naturelles pour s’en alimenter. Cette solution commence cependant à montrer ses limites. Ces ressources sont aujourd’hui presque toutes à sec.
Les ressources naturelles à la rescousse, mais…
Celles qui tiennent toujours le coup sont ainsi prises d’assaut chaque jour par les citoyens appelés à faire des queues qui durent plusieurs heures. Pour éviter ces longues chaînes d’attente, des pères de familles n’hésitent pas à prendre le risque de griller le couvre-feu instauré pour des raisons sanitaires, à partir de 22h pour aller se servir.
« Jusqu’à quand ? », s’insurgent-ils cependant. Il faut dire que ce problème risque encore de durer sachant que les grandes pluies ne s’annoncent pas pour demain.