Wassyla Tamzali, la fille du fondateur et premier président du MOB

Wassyla Tamzali, féministe, écrivaine, ...

Wassila Tamzali, écrivaine, militante féministe, avocate à la Cour d’Alger de 1966 à 1977, ancienne directrice des droits des femmes à l’l’UNESCO (Paris) net fille du fondateur et premier Président du club de football Mouloudiya Olympique de Bédjaia (1954); de passage à Montréal,  a livré une conférence-causerie, à la Galerie Yara, au tour de son livre  »Une éducation algérienne : de la révolution à la décennie noire ». Plusieurs thèmes sont abordés avec  aisance, conviction et sans détours. 

Cette causerie est organisée par l’Association Culturelle Assaddekia Québec (au nom de Chick Sadek Abdjaoui) au galerie Yara à Montréal. Dr Aziz Gherrou, Président et Nacer Eddine Ziani ont fait des pieds et des mains pour organisé, en un temps très court,  ce moment d’échanges et de partages sur notre société t notre histoire.  

Partie 1: Un livre, une histoire, un destin - Ouverture d'un atelier sauvage d'art contemporain au centre d'Alger

Wassyla Tamzali : « Les Ateliers sauvages », un centre d’art contemporain à Alger où l’art va à la rencontre de la vie

Partie 2: Une société basée sur la honte

Partie 3: La femme, chez nous, n'est jamais elle-même

Partie 4: L'Algérie ce n'est pas du capitalisme

Partie 5. Le fondateur et premier Président du MOB, Abdelhafid Tamzali

Wassyla Tamzali: «Quand la ferme Tamzali est vendu à Rebreb. Mmme Wassyla Tamzali, vivait déjà aisément, l’argent hérité va être utilisé dans des actions communautaire dont l’Atelier sauvage de l’art contemporain à Alger centre. 

Oui, mais qu’est ce que je vais faire ? Ah oui, je peux aller dans les hôtels, je vais prendre des business class. Je connais tout ça parce que je suis quand même, … Je suis quand même assez futile, je connais. Mais qu’est ce que je vais faire ? Qu’est ce que je vais faire ? Et vous savez, il y a un homme qui m’a beaucoup marqué.

C’est mon père que j’ai malheureusement pas assez connu. Mon père, il a créé le MOB ?l

Ah oui ?

Ah oui, mon père est le président fondateur du MOB
Oui, mais c’était à une époque politique ou mon père qui est un bourgeois de la ville comme vous le savez. Eh bien, il va créer un Parti populaire. D’abord, il était, il était au PPA, son oncle, était avec Ferhat Abbas. Mais mon père et ses frères étaient au PPA. Et il va créer le MOB. Pour moi, il est un exemple. Vous comprenez ? C’est un exemple parce que mon père a créé le MOB. D’abord parce qu’il a aimé le football, c’est évident. Mais il jouait même au football, j’ai des photos de lui en footballeur. Mais j’ai compris combien vous savez! Il s’est passé un des événements peut-être des plus forts dans ma vie d’adulte, de femme adulte.

Moi, quand on me demande d’aller à bouger, je vais tout le temps. Je demande même pas pourquoi je dis d’accord. Vous occupez de me transporter parce que je ne sais pas conduire. OK. Et donc j’ai fait des conférences et tout. Et un jour en pleine conférence. Et quelqu’un qui vient, qui me dit, écoute, j’ai un ami qui aimerait bien vous parler. Il a été un des présidents du MOB. C’est un homme qui est mort. Maintenant que vous connaissez, peut être que je veux saluer ici d’ailleurs. Yahia …, j’ai oublié le nom de famille, j’ai des problèmes de vieille dame, j’oublie les noms. Et donc Yahia vient et il me dit Je voudrais que vous donniez le coup d’envoi du match contre Constantine.
Il y a les étudiants qui m’attendaient à 9 h le soir et j’ai dit à ma sœur et mon ami Machida Bou Haroun, je dis Écoutez, ce soir, on va voir les étudiants. Ah oui, c’est bien, on va voir les étudiants après dîner. Mais avant,je vais aller donner le coup d’envoi d’un match …

Match? Je n’ai jamais rentré dans un stade. Alors, elles medisen, on va venir avec toi. Oui, mais quand j’arrive et que je vois tous ces flics et tout ce monde, je demandant quelle ou dans quelle galère je me suis, alors en arrive là comme si c’était le président de la République qui arrivait. Tout le monde s’écarte et tout, … madame passez et on arrive dans un bureau.

Et là, il y a tous les anciens présidents, les vivants, ceux qui étaient là, la cravate, le costume, les gâteaux, les Limonades, les photos de mon père. Partout.
Moi, je dis il ne faut surtout pas pleurer, alors je ne pleure pas, je reste comme ça. Et tout d’un coup, ma sœur éclate en sanglots et tout le monde pleure. Mais tout le monde, tous ces hommes pleurent et ok. Alors bon, moi je pleure évidemment. Et on me dit alors, on est là, on s’embrasse.
Mon père a été tué en 1957. On doit être en 2007, En 2011 2012, ça fait 60 ans, peut être.

Et et donc un moment donné, on me dit maintenant vous devez, vous devez, on doit aller, c’est le moment, on passe sous la tente comme ça avec les joueurs. Le joueur est derrière moi et donc j’arrive comme ça. Et au moment ou je sors, j’entends 10 000 personnes debout, hurlant le nom de mon père.

Ça a failli me tuer. Vous vous rendez compte ? C’était incroyable, incroyable. Alors j’ai dit, mais qu’est ce qu’on fait ? Et il y en a un qui vient, il me met une photo de mon père dans les mains. Je dis qu’est-ce que je vais faire avec. Il faut faire le tour du stade. Je vais faire le tour du Stade? Mais, c’était tellement gentil, naïf. Et voilà, c’était comme ça. Ma sœur me dit Moi, je fais le tour du stade, parce qu’elle est plus simple. On a fait le tour du stade.
On nous met à la tribune. Derrière nous, il y avait le FLN, les gendarmes, l’armée, la police, tous les partis politiques. J’ai dit à ma sœur Maintenant tu crois qu’on va bouger, on va pas bouger, on est obligé de Rester.

Et donc on arrive. Alors tous les dignitaires. Moi je sais pas qui c’est, mais on me dit il y a le gendarme, il y a le truc et tout. Il se lève tous comme ça et je m’assois, ma sœur, mon ami, et on gagné.
On a gagné Maintenant, j’ai dit, alors maintenant? On bouge plus! Après la mi temps, tout le monde descend pour m’embrasser les mains, la tête. C’est grâce à vous qu’on a gagné…»