Kabylie : Retour sur un été meurtrier

La Kabylie et plus particulièrement la wilaya de Tizi-Ouzou, a vécu un été meurtrier, cette année. Le plus meurtrier peut-être de l’histoire post indépendance de l’Algérie. Une chose est sûre, cette saison estivale 2021 restera gravée à jamais dans la mémoire collective de toute la région. 

Cet été 2021 a été marquée en effet par deux évènements dramatiques. Il s’agit du covid-19 et des incendies de forêts qui ont endeuillé des dizaines voire des centaines de familles. Le coronavirus était le premier à s’inviter dans la capitale du Djurdjura. C’était au début du mois de juillet. L’incontrôlable variant Delta qui a envahi la région a fait des centaines de morts. Autant de personnes ont été en outre contaminées. Les hôpitaux et autres structures sanitaires ont affiché, en un laps de temps réduit, complets. L’angoisse et le stress a vite gagné la population qui ne savait plus à quel saint se vouer ni sur quel pied danser.

Le covid-19  fait des centaines de morts 

La situation s’est compliquée davantage avec la pénurie d’oxygène qui a touché pratiquement tous les centres de soins. Il faut dire que sans la mobilisation et la solidarité citoyenne, le bilan aurait été encore plus dramatique. 

C’est grâce en effet à cette solidarité que ces structures sanitaires ont été dotées de concentrateurs d’oxygène, contribuant ainsi à sauver les vies de plusieurs personnes. 

A peine la situation sanitaire s’est-elle stabilisée que la région a été appelée à faire face aux gigantesque feux de forêts qui ont ravagé des villages entiers. Encore une fois, la solidarité a été appelée à contribution pour encore aider à sauver les vies.

Des citoyens des régions non touchées par les flammes n’ont pas hésité en effet à aller prêter main-forte aux villageois menacés par les incendies. En outre, des collectes de dons ont été organisées afin d’alimenter les habitants des zones sinistrés en dorées alimentaires et autres. 

Le cauchemar des feux de forêts 

Le cauchemar a duré plus d’une semaine. Le bilan a été cependant très lourd. Selon les chiffres communiqués lors de la dernière session de l’Assemblée Populaire de Wilaya (APW), 79 personnes (59 civils et 20 militaires) ont trouvé la mort lors de cette tragédie liée aux incendies qui ont également fait 1015 blessés dont 700 ont été hospitalisés. Le nombre de décès, aujourd’hui, a dépassé la barre de 215 personnes.

Le bilan exposé à la même occasion fait état en outre de 2800 maisons touchées par ces mêmes incendies dont 526 ont été classées orange et 91 ont été classées rouge. L’agriculture de montagne qui fait vivre des centaines de familles dans la région a été en outre durement impactée. 4 600 hectares d’oliviers, 7 000 arbres fruitiers, 4 470 exploitations agricoles, 11350 ruches, 295 têtes de bovins entre autres ont été ravagés par les flammes. 

Le terrible assassinat de Djamel Bensmail 

L’événement qui a éclaboussé la région suite à ces feux de forêts, reste cependant le meurtre du jeune Djamel Bensmail. Venu aider ses concitoyens dans la tragédie, ce jeune originaire de Meliana, dans la wilaya d’Ain Defla, a  été lynché à mort à Larbaâ Nath Irathen. Cet acte ignoble a été condamné d’ailleurs par plus d’un en Kabylie. La population locale a tenu en effet à dénoncer cet assassinat.  Une délégation de Larbaâ Narh Irathen s’est d’ailleurs rendue chez la famille du défunt, la semaine écoulée pour demander pardon après cet horrible assassinat. Une enquête indépendante est non seulement demandée, mais recommandée.